MSC «pêche durable»: le compte n’y est (toujours) pas !
66 organisations (dont Greenpeace) et universitaires «appellent le label MSC à augmenter ses standards de certification». Ils déplorent «l’attribution d’un nombre croissant de certifications aux pêcheries qui capturent des milliers d’animaux vulnérables et menacés et qui endommagent de manière irréversible les habitats océaniques vulnérables».
L’écolabel MSC augmente ses exigences : lors d’une même marée, toute la pêche sur un stock cible devra être certifiée MSC. Suffisant ?
Jusqu’ici, l’unité d’évaluation concernait un stock cible, une zone de gestion, un engin de pêche et des bateaux. Mais des ONG ont déploré qu’un bateau puisse capturer, lors d’une même marée, du poisson d’un même stock en utilisant à la fois des méthodes de pêche certifiées MSC et non-certifiées (thon sur banc libre ou sous DCP par exemple).
Désormais, «tous les produits de la mer pêchés sur un même stock, lors d’une même marée, devront être certifiés MSC», a annoncé le MSC le 19 janvier. Cette décision «émane d’une large consultation publique incluant plus de 50 parties prenantes, ONG, pêcheurs et industriels, suivie d’une révision en décembre par le comité consultatif technique du MSC». Cela s’appliquera dès août. Les pêcheries entrant en évaluation après février 2019 devront s’y conformer, et les autres auront trois ans pour se mettre en conformité.
Le compte n’y est pas pour certaines ONG
Le MSC revendique ce délai d’adaptation pour les pêcheries. Mais une lettre publique de 66 organisations et universitaires, publiée le 24 janvier, «appelle le label MSC à augmenter ses standards de certification». Les signataires, dont Greenpeace, déplorent «l’attribution d’un nombre croissant de certifications aux pêcheries qui capturent des milliers d’animaux vulnérables et menacés et qui endommagent de manière irréversible les habitats océaniques vulnérables».
Le WWF, non-signataire, «se félicite de l’engagement du MSC à agir pour apporter diverses améliorations» dans un communiqué du 26 janvier. Mais il «exhorte le MSC à adopter des réformes clés» et attend «des progrès rapides et clairs» sur l’indépendance et l’argumentation scientifique dans le processus d’évaluation et l’intégration des meilleures données scientifiques pour les pêcheries certifiées. «Le MSC doit préserver les espèces en danger, menacées et protégées, ainsi que les écosystèmes, et s’aligner sur les objectifs des aires marines protégées.»
Actuellement, 14 % des captures mondiales de poisson sauvage sont dans le programme MSC.
Solène LE ROUX - © Le Marin - http://www.lemarin.fr/secteurs-activites/peche/30542-peche-le-msc-accroit-ses-exigences-mais-reste-critique
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